Le chateau de Chouday
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VI.22.F voir arbre et « Souvenirs d'une vie obscure »  

Le château de Chouday,
à Chouday, près d'Issoudun (36)
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demeure de Félicité Raffenau (~1741 - 1793) 181/245
épouse de Guillaume Lamanière
*
(1746 - 1807)

et de ses enfants, en particulier Auguste (de) Sarrauton
(1781 - >1860)
90/122

 
Façade arrière, côté parc
* Il s'agit du second mari
...de Félicité Raffeneau
,. le premier,
Joseph Antoine
.. de Sarrauton,
.émigré
...dès le début de la Révolution,
...ayant disparu.
¤ Quand Guillaume Lamanière et son épouse Catherine Félicité Raffeneau, ruinés, ont dû vendre tous leurs biens à Paris et dans sa région, ils sont venus s'installer en 1799, avec leur "tribu", dans le vieux château de Chouday, qu'ils possédaient encore en Berry.
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E
n effet, en plus de leur fille Désirée, habitent avec eux les cinq enfants issus du premier mariage de Félicité avec monsieur de Sarrauton
180/244: Auguste 90/122, Frédéric-Grand, Honoré, Félicité et Déric (de) Sarrauton. Ils logent aussi gratuitement depuis quelques années la sœur de Félicité, Rose Raffeneau 183/247, ses trois enfants, Alexandrine 91/123, Frédéric-Petit et Honoré de Montureux, ainsi que le 2e mari de Rose, Joseph Veiron.
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¤ Chouday est un petit village agricole, à 8 km au sud-est d'Issoudun, dans le département de l'Indre.
Le château, qui existe toujours, se trouve sur la route de Chouday à Ségry, près du hameau de Praslay. Sa grande toiture et les beaux arbres de son parc s'aperçoivent facilement depuis la D 9A qui conduit au village, au-dessus des immenses champs de blés ou de lentilles. En effet, cette région du Berry est célèbre pour ses délicieuses lentilles vertes.
A moins de 500 m derrière le château, l'antique voie romaine, appelée la Levée de César, passe à travers champs.

¤ Le château lui-même est difficile à dater. Il a été remanié à maintes occasions. Ses deux tours d'angles, aux toits coupés, rappellent les fonctions défensives des anciens châteaux-forts, de même que les murs très épais du bâtiment.

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Détail de la carte michelin n° 68
au 1/200 000e

Cela remonte-t-il
au XVe ou au XVIe ?
Est-ce les restes d'une construction primitive
antérieure ?

Le village de Chouday
vu du château.
(juillet 2001)

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Un document de 1461 précise qu'il appartient à un certain Jean Chevrier, seigneur du village, et habitant d'Issoudun, dont le père a été anobli.
En 1625, le château est propriété des Barbançois, grande et ancienne famille berrichonne.

¤ Il est acheté vers 1688 par Philippe Amable Barranton, qui vient d'acquérir la seigneurie de Chouday. C'est l'occasion de faire un état des lieux.
Le château est plutôt mal en point... :
Il faut refaire les portes et les fenêtres au rez-de-chaussée, carrelages et cheminée à l'étage, plancher et toiture au grenier.
Le jardin et la basse-cour sont envahis de ronces et d'épines, les bâtiments des métairies ne valent pas mieux...
Son nouveau propriétaire entreprend un grand chantier de réparations mais aussi d'aménagement pour le mettre au goût du jour. Certains éléments de la façade de la maison de maître rappellent la mode du XVIIe et doivent provenir des travaux de remise en état du bâtiment. .

Le "Château" de Chouday, vue de la grille d'honneur
et les toits des anciennes métairies, vues depuis
le jardin potager du château.

 
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Côté cour, fin XVIIe du château,
et une des tours d'angle tronquées
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Cela se remarque à la recherche de symétrie, au toit imposant percé deux fenêtres aux encadrements de pierre de style Grand Siècle...
Le linteau de l'actuelle porte d'honneur est daté de 1690. Derrière commence un grand escalier de pierre.
On peut se demander si, à cette époque, l'édifice ne faisait pas un grand L, le reste de cette façade n'entrant pas dans cette symétrie. Une autre aile, perpendiculaire à celle qui subsiste, s'ouvrait peut-être face à la grille qui ferme la cour.

L'escalier de pierre du château sans sa rampe..

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Au début du XIXe siècle, plusieurs métairies dépendent encore du château.
Leurs bâtiments d'habitation et leurs dépendances, forment, avec le Château proprement dit, un véritable petit hameau.
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Comment cette propriété vient-elle entre les mains de M. et Mme Lamanière ?
Le mystère n'est pas éclairci.
A l'aube du XIXe siècle, quand la nombreuse famille y trouve refuge, le château est en mauvais état et bien des pièces inhabitables.

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..La deuxième tour tronquée.

Une aile entière menace de s'effondrer (celle qui aurait disparue ?). Mais aucun fonds n'est disponible pour entreprendre des travaux. Sauf au salon, il n'y a pas de tapisserie sur les murs. Dans les pièces, des meubles disparates, souvent des restes luxueux de la splendeur passée...
De plus, la famille Lamanière vit largement au-dessus de ses moyens depuis plusieurs années. Comme l'argent est rare, les taux d'intérêts sont très élevés, de 12 à 15 % ! Les sommes alors empruntées ont vite fait de manger la vingtaine de mille francs qu'ils avaient réussi à sauver jusque là du naufrage.
Au lieu de se consacrer à préserver ce que l'on pouvait peut-être encore sauver de leur ancienne fortune, les habitants du château vivent dans l'insouciance.

* Les historiens de la région
.. ayant travaillé sur le Château
.. occultent complètement cette
.. parenthèse Lamanière.

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** Alexandrine est née
....en 1787, c'est donc encore
....une adolescente.

M. Lamanière * se plonge dans ses livres et la philosophie. M..Vieron et les jeunes garçons de la maisonnée occupent leurs loisirs à la chasse...
En 1801, Frédéric (de) Sarrauton 90/122c, le fils cadet de Félicité, se marie et essaie de se mettre à la tête de l'exploitation agricole. Mais les fermages rentrent mal. Il est pourtant efficacement secondé par sa jeune cousine, Alexandrine de Montureux, qui se lève tôt pour diriger les ouvriers agricoles, les envoyer au travail, aller en ville (Issoudun n'est pas très loin) pour vendre les grains, la laine, les bestiaux, acheter les provisions ou louer des domestiques. C'est elle qui se charge de l'intendance, dirige la cuisine, la fait même souvent elle-même... De tous les habitants du Château c'est celle qui semble avoir le plus la tête sur les épaule, malgré son jeune âge **.

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Mais la propriété croule sous les hypothèques. Les intérêts de la dette en mangent tout le revenu. En 1803, Félicité doit se résoudre à vendre le château et ses terres. Mais elle obtient de pouvoir y habiter trois ans encore en payant un fermage en loyer.
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P
lusieurs des adolescents quittent alors Chouday pour gagner leur vie ailleurs.

 

 

 

 

 

 

 

 

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Deux d'entre eux s'engagent à l'armée à 14 et 19 ans, un autre entre comme apprenti chez un marchand de soieries d'Issoudun, l'aîné se place dans les bureaux du directeur des domaines, à Châteauroux.
Il ne reste avec Félicité, dans la vieille maison, ainsi que Déric, le plus jeune fils de Félicité, son mari, ses deux filles et sa nièce.
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* Son mari, M. Vieron
.. a quitté la région.

Sa sœur Rose est décédée à Issoudun en 1799 * et Madame Lamanière tombe gravement malade et meurt au printemps 1805. Elle est suivie deux ans plus tard par M. Lamanière. Ils sont enterrés tous deux dans le cimetière du village. Leurs enfants et leur nièce abandonnent alors la vieille demeure après avoir vendu la plus grande partie du mobilier restant.
...Là, il y a de nouveau un trou dans l'histoire du château...
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** Député parisien
.... qui ne réside plus sur place.
¤ C'est en 1883 que Jean Baptiste Jacquet achète le château et 3 ha de terres pour 25 000 francs au baron de Mackau **.
C'est un bâtiment laissé à l'abandon que récupère M. Jacquet. La belle rampe
Photos : Mathilde de Ferrière,
juillet 2001
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de fer forgé qui ornait l'escalier d'honneur a disparu, ainsi que toute une aile de château. Mais la maison est désormais entretenue et reprend vie.
Elle reste entre les mains d'une même famille d'exploitant agricole qui l'habite et cultive les terres avoisinantes. En effet, à Jean-Baptiste Jacquet et à son épouse née Jolivet, succède leur fille Amandine et son mari, Paul Pascal, puis leur fils Jean Pascal et son épouse Odette Baran. Il est aujourd'hui (2002) habité par Monique Pascal et son mari Alain Lancement et par une de leurs enfants qui a repri l'exploitation. Elle habite l'autre partie de la maison avec son mari et ses enfants.
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Sources : Auguste Sarrauton : 'Souvenirs d'une vie obscure' (manuscrit)
B. Petiot : 'Historique de Chouday - lentille verte du Berry', 1988 ; M. et Mme Alain Lancement
Châteaux, manoirs et logis : l'Indre', éd. Patrimoines & Médias, 1999, p. 126 -
08/2002