SB - V.42.M  
  
François (Joseph Pierre César) Mengis 74/106
 né ou baptisé en 1762 à Niedermorschwiller* (68) le 13 décembre 1842 à Mulhouse(68)
fils de Frantz Mengis ( ... - ... ) 148/212 148/212
il épouse avant 1794**
(Anne Suzanne) Susanna Volmar (Fölmer) 75/107
 née vers 1766 à Colmar ? (68)
. . . ? à Mulhouse (68)
fille de Jacques Volmar (~1734 - 1818) 150/214 ? et de Suzanne Volmar ( ... - ... ) 151/215 ?

 Signature de Frantz Mengis sur  l'acte de naissance de sa fille Suzanne en 1799
  Enfants 
1) 
2) 
3) 
3) 

5) 
 
(au moins trois, le premier né à Munster, les deux autres à Mulhouse) François Pierre Mengis ( . . . ~1795 - . . . ~1825 ) a
Anne Suzanne Mengis (
23 prairial an VII -11.06.1799 - 09.03.1877), 37/53 
elle épouse le 15.02.1818 Jean Henry Engel (15.10.1793 - 19.01.1857) 36/52 
Jean Jacques Mengis (18.07.1801 - 03.05.1828) c
il épouse en 1825 Thérèse Waecker (de Riedisheim)

  
¤
Frantz Mengis est le dernier bourreau (exécuteur de Haute justice) de la ville libre de Mulhouse. Il est probablement engagé vers 1794 (?), pour remplacer Hans Rodolf Volmer (ou Vollmar). Il appartient à une longue lignée de bourreaux.
 
 
*
 C'est à dire Morschwiller le Bas. Mais lui même dit être originaire de Muenster, probablement Munster (68), mais il existe
     plusieurs villes de ce nom-là en Rhénanie pouvant avoir un bourreau à demeure.   Peut-être s'agit-il simplement de
son
      poste précédent ?                         ** année de son arrivée à Mulhouse, d'autres sources le disent arrivé vers 1796.
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¤
Frantz n'assure cette charge que jusqu'en mars 1798. Pendant ces quatre années, il n'y pas eu d'exécution capitale, ni par la corde, ni par le glaive. Son travail est essentiellement de salubrité publique : entretien des prisons, ramassage des immondices, surveillance et entretien des égouts de la ville, il est aussi l'équarrisseur de la municipalité..
  
¤
Bien qu'infamant, le métier de bourreau-équarrisseur permet normalement à une famille d'assurer sa subsistance. En 1796 son salaire (émoluments) comprenait :
-  une maison dans la ville haute (la maison de la rue du bourg)
-  une prairie près du bois dit Schönauer hölzlen, près de la Doller.
-  une parcelle de chevalière (sic, pour chènevières, pour cultiver
   le chanvre
) au Banloch, près des berges.

*** Un journal est une mesure
       de surface
 ancienne qui correspond
       à ce qu'un
 paysan peut cultiver  

       en une journée. Sa taille varie donc
       selon la qualité 
du terrain
  
 
*** Anciennes mesures. On compte  
-  une vigne dans le Vogelsang (remplacée par 3 journaux* de vigne dans   le Kamispfad).
-  300 # (100 # par an, en espèce + 100 #.pour le charnier, remplaçant   14 quartaux** de grains et 8 quartaux d'avoine + 100 # rajoutés   ultérieurement)
-  3 cordes** de bois et 200 fagots ...
       aujourd'hui en stère de bois  
   
A cela se rajoute le payement de ses différents actes, d'après un tarif préétabli, tant pour le nettoyage de la tour de l'église St Etienne, tant pour la prison (Küffig) .
  Mais, cet emploi a ses contrainte, outre l'exclusion sociale que subissent Frantz et sa famille, il lui est interdit de devenir propriétaire ou d'acquérir le droit de bourgeoisie. Il a un statut à part des autres habitants. C'est donc pour assurer sa subsistance que, à côté des rémunérations en argent, suivant ses taches, il a un prés pour pratiquer un peu d'élevage, un champ pour faire quelques cultures et une vigne pour sa boisson (le vin)…
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 * Il n'est pas le seul à agir ainsi,
    Mathieu Mieg dit le Chroniqueur  
     (1759-1840), neveu
    de Marie-Madeleine Mieg
    (1733-1772)
.../455, refuse
    de même de livrer la bannière
    de sa tribu la sauvant ains
    de la destruction.

 
 

 
¤ Pour la fête de la Réunion de Mulhouse à la France, en mars 1798, il a été décidé, pour marquer l'avènement des temps nouveaux, d'enfouir à l'emplacement de l'antique fontaine de la place du marché (Place de la Réunion) les symboles de l'ancienne cité, les bannières des corporations et le vieux glaive de justice. En effet, le jour-dit, Frantz apporte une vieille et lourde épée qui est brisée et enterrée là.
Mais notre homme n'avait pas voulu sacrifier l'ancien symbole de sa fonction. L'arme démodée qu'il a apportée n'est qu'une lourde lame qu'il est allé tirer des réserves de l'arsenal. Les commissaires envoyés par la République Française n'y voient que du feu et tout le monde est satisfait*.
L'épée de justice pieusement conservée dans la famille pendant plusieurs générations est offerte au musée historique de Mulhouse par A. Engel qui en avait hérité de Anne Engel décédée à Neuchâtel le 13 mai 1843. Il s'agit d'une grande épée, qui faut tenir à deux mains avec des inscriptions de part et d'autre sur la lame. L'une d'elle est encore lisible, accompagnée d'un profil de femme symbolisant la Justice :

" Gewicht vnd Maashalt recht vnd rein
  Sonst strafft es Gott mit herber Pein ".

¤ En 1798 la famille Mengis habite rue du bourg, dans la maison n°671, une petite maison de la rue, de sinistre réputation, à cause du métier de son locataire, adossée au rempart et voisine du fortin dit Huenerturm.
 
Frantz y élève 1 chèvre et 3 cochons. Il possède de plus deux chevaux qui lui servent dans son travail d'éboueur.  Suzanne a une aide domestique,  une jeune fille  de 20 ans originaire  de Rorach
(? pour Lörrach ?),  prénommée Marie.

¤ En effet Frantz est marié depuis quelques années.

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* François Pierre serait né
     à Munster.
 
 

 
L
ui et son épouse Suzanne ont un fils, né avant leur installation à Mulhouse*, et bientôt une fille et encore un fils. Ils en ont probablement eu d'autres, morts jeunes, ou absents de Mulhouse.
 
¤ Après la réunion de la petite république, alliée aux Cantons suisses, avec la France en 1798, la charge de bourreau devient caduque et Frantz se retrouve au chômage. Il se reconvertit dans l'agriculture. Il a quelques bêtes, et son travail d'éboueur lui permet d'avoir de l'engrais en abondance. Il devient un citoyen comme les autres, avec les mêmes droits qu'eux pour acheter ou vendre. Mais il lui manque sûrement du numéraire pour pouvoir acheter des pièces de terre.
On lui propose en 1805 le poste de bourreau à Ajaccio, mais il refuse cette nomination. La Corse n'attire probablement pas ce dialectophone, et rien ne garantit que cette nouvelle situation soit une sinécure. A Mulhouse il n'a jamais eu à exécuter quelqu'un. En 1812 le poste d'exécuteur à Raguse est disponible, mais, Frantz décline cette nouvelle proposition, probablement pour les même raisons que précédemment.
 

  ¤ Frantz reste donc équarrisseur, on en a toujours besoin à Mulhouse, et cultivateur, même s'il n'a que peu de terres à cultiver. Ces ressources ne sont pas énormes et, en 1818 il se voit allouer un secours de 1 000 francs.
Quelques années plus tard, en 1822 on lui demande de justifier de ses activités. Il affirme alors être "actuellement" l'aide de l'exécuteur de Colmar Jean Guillaume Volmar (le parrain de sa fille) et d'avoir " toujours été appelé aux  exécutions à Altkirch et à Colmar ". En fait, suite à une courte enquête
de vérification, on constate que c'est son fils et non lui qui sert d'assistant
à ses collègues.
 E
n réalité Frantz Mengis a des problèmes de santé. A soixante ans, une forte hernie et des douleurs hémorroïdales l'empêchent de pouvoir accomplir un travail long ou soutenu. En 1824, il voiture à Mulhouse bois et sable, grâce à trois chevaux**.                                 ** de "misérables chevaux", disent les textes.
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¤
Frantz Mengis habite dans une petite maison hors des murs. A la fin de l'hiver 1828, un loup enragé pénètre dans sa demeure. Son fils cadet, Jean-Jacques s'interpose et se bat avec la bête écumante. Il reste vainqueur, mais le loup l'a mordu profondément. Le jeune père de famille* succombe quelques temps plus tard de la rage, cette terrible maladie que l'on ne sait pas encore soigner, malgré les nombreux simples (plantes médicinales) auxquels on a recourt.
 
¤
Frantz Mengis est dit venir de Munster (en Alsace ?, en Allemagne ?).
Il a un proche parent (un frère ?) à Rouffach Rodalfi (Rodolphe ?) Mengis, dont l'épouse Anne Marie Boëhim, 34 ans, s'est déplacée à Mulhouse lors de la naissance de sa fille Suzanne en 1799.
 
¤
Les Volmar (Fölmer, Volmer, Vollmer ...) forment une large famille de bourreaux originaire de Suisse et que l'on retrouve un peut partout en Suisse, en Alsace et dans la Rhénanie.
 
L
e premier Volmar cité à Mulhouse, Rodolphe, nommé à ce poste en novembre 1709, vient de Winterthur (CH). Mais il ne s'entend pas avec la veuve du précédent titulaire et quitte la ville en 1711.
En octobre 1775 Hans Rodolphe Volmer, aussi de Winterthur, est admis sur la recommandation du greffier de Disselhofen, en Thuringe. Il est le fils de Hans Ulrich Volmer, bourreau de cette ville récemment décédé. Pour venir, il quitte le poste qu'il occupait à Burgdorf, canton de Berne. A Disselhofen, la charge vaquante est reprise par son frère. Hans Rodolphe est renvoyé en 1794. Il est alors remplacé par Frantz Mengis, époux d'une Volmar !
Ailleurs, on découvre en 1736, que le carnifex (équarrisseur, écorcheur) de Zurich s'appelle Jean Jacques Volmer. Et l'on trouve, la même année un Georges Michel Volmar bourreau à Haagen, margraviat de Baden-Durlach.
  
* En effet le jeune homme était marié depuis trois ans et laisse une fille Rosine.
   Sa veuve, enceinte, accouche d'une seconde petite fille, Marie Thérèse, née posthume

 1- 23 - 4  - 5 - 6 -    le 24 juillet 1828, à Colmar.
  
Guillaume Volmar,
dernier bourreau
de Colmar

  

 
En 1799, à la présentation de Suzanne, nouveau-né, à la mairie (il n'y a plus de culte et de baptême), deux Volmar ont fait le déplacement depuis Colmar : Guillaume, 21 ans (sic), le fils du bourreau de Colmar, Jacques Volmar et de Anne Suzanne Volmar, et (Anne) Marie Madeleine Volmar (née ~1779), 22 ans, épouse de Daniel Gaedel Jean Guillaume Volmar est né à Zoetteln (CH). Il se marie depuis le 03.06.1807 avec Marie Madeleine Harder. Il a succédé à son père en 1818. Jean Jacques Volmar (1734 - 28.06.1818 à Colmar), était bourreau de la ville depuis le 10 juillet 1764. Il avait épousé Marie Suzanne Volmar à Zürich (CH) le 27.06.1757.

                          
             
                 (Miniature, Musée d'Unterlinden)   

  
Sources : 
AMM N 1799 (3) ; AMM M 1819 (30) ; AMM F1Aa2 recensement de 1798, Mathieu Mieg le Chroniqueur, Pierre Gutknecht, Werner, 
'Topographie du vieux Mulhouse, p. 199 ; Werner, 'Etude sur les bourreaux de l'ancienne république de Mulhouse' in BSIM, 1939, 
Ed. Benner, 'La Charge de bourreau sous de l'ancienne république de Mulhouse', in Bull. du Musée historique de Mulhouse, 
XXXI année 1907, pp. 110 à 117 ; Cl. Spiecker et J.-Cl. Winnlen, 'Le tribunal riminel du Ht-Rhin à Colmar [...] 1793-1799', 
in Annuaire de la Soc. d'hist. et d'Archéo. de Colmar, 1994, pp. 111-132. 

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